
Sentir l'angoisse monter au fur et à mesure qu'approche le jour J.
La veille, se replonger dans le dossier maudit pour ressortir les anciens clichés.
Se dire : "Et si ... ? Et si...". Mais non, ce n'est pas possible. Il n'y a pas de raisons. Les médecins n'ont plus l'air inquiet...
Et toujours cette angoisse qui est là, larvée dans l'estomac.
Arrive le grand jour. Par chance, le rendez-vous est de bonne heure.
Réaliser, comme une idiote, qu'on a changé de centre de radiologie et qu'il y a donc peu de chance qu'on retombe sur son tableau porte-bonheur. Du coup, on met sa bague fétiche.
Arrivée dans la salle d'attente, on croise les doigts. On retient son souffle. On essaie d'avoir l'air décontracté mais on a les mains qui tremblent.
- Mme Montagu ? Suivez-moi.
Là, on attaque carrément un Notre Père...
Rien à la mammo, mais c'est (presque) normal puisqu'il y a deux ans, ils n'avaient rien vu non plus.
Retour en salle d'attente. On feuillette un magazine histoire de passer le temps... et l'angoisse.
- Mme Montagu ?
Le moment tant redouté de l'écho est arrivé.
Viennent les questions d'usage : "Y a-t-il des cas de cancers dans la famille ?"", "Quand avez-vous été opérée ?", "Combien d'enfants avez-vous ?", "Avez-vous allaité ?".
La sonde qui passe et repasse sur le sein... puis qui s'immobilise... Clic-clac, une petite photo... "Ce n'est rien, c'est un kyste"... La sonde qui reprend sa course... "Mettez-vous sur le côté"... La main de l'échographe s'arrête quasiment aussitôt... Les secondes passent aussi longues que des heures...
- Quand est-ce que vous avez été opérée déjà ?
- Il y a deux ans.
Silence. Elle regarde fixement son écran. Prend des photos, des mesures... Je pense à ma nouvelle vie à Toulouse, mes projets, ma sérénité retrouvée et je sens de nouveau tout s'écrouler.
- C'est bon. Vous pouvez aller vous rhabiller. Ce n'est qu'un kyste.
Si je vous dis que j'en suis ressortie en larmes, vous me croirez ?